Anba Athanasios est décédé
Le métropolite de l'Eglise Copte Orthodoxe de France est décédé le 22 octobre 2022
Nous partageons la tristesse, mais aussi l'Espérance du diocèse de l’Église Copte Orthodoxe de France dont le métropolite anba Athanasios est décédé le dimanche 22 octobre au soir.
"Donne-lui, Seigneur, le repos éternel et que brille à jamais sur lui la lumière".
Mgr Athanasios depuis le 16 juin 2016 était l'évêque des paroisses françaises coptes dont le siège de l'évêché est au Revest-les-Eaux (près de Toulon) avec une cathédrale dédiée à Marie Théotokos sous le vocable de l'« Apparition de la Mère de Dieu à Zeitoun ».
La paroisse la plus importante du diocèse est située à Sarcelles, dont la nouvelle église à été construite sous l’impulsion du métropolite.
Mgr Athanasios était un français qui avait rejoint l'Eglise Copte Orthodoxe. Il devient moine du monastère saint Bishoy dans le Wadi Natrum. Puis ordonné évêque par le pape Chenouda.
Les obsèques ont été célébrées le lundi 30 octobre 2023 à l'église copte orthodoxe St Athanase et Pape Cyrille VI de Sarcelles (95). Leurs éminences le métropolite anba Wissa et les évêques anba Bernaba, anba Louka et anba Marc ont prié les funérailles d’Anba Athanasios. L'émouvante célébration en présence d'une assemblée nombreuse, s'est terminée par la triple procession de la dépouille d'anba Athanasios autour de l'Autel, où il a célébré tant de fois la Sainte Messe, puis de l'église en passant à travers l'assemblée, le peuple qui lui avait été confié.
lors de la célébration Mgr Louka, a prononcé la méditation suivante :
- Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer la vie de Mgr Atanasios : Un homme de foi dévoué qui a consacré sa vie à servir Dieu et ses ouailles. Les funérailles d'un homme de Dieu sont habituellement, un moment de tristesse, mais aussi de gratitude, car nous pouvons rendre hommage à une vie exemplaire.
- Mgr Athanasios était un homme de foi inébranlable. Il a porté la parole de Dieu avec amour et dévouement, plus d'une cinquantaine d'années. Sa vie était un témoignage de l'amour du Christ, et Il a touché de nombreuses vies par son ministère. Il nous a rappelé que la foi est une lumière dans les moments sombres, un réconfort dans les heures de douleur, et une source d'espérance pour l'avenir.
- En plus de son rôle spirituel, Mgr Athanasios était un ami, un conseiller et un modèle pour de nombreuses personnes. Il écoutait avec compassion, conseillait avec sagesse et inspirait par sa générosité. Il avait le don de rassembler les gens, de créer des communautés chaleureuses et accueillantes, où chacun se sentait chez lui. Mgr nous a montré que la vie prend tout son sens lorsque nous la consacrons à Dieu et au service de nos frères et sœurs : + Ph 1:21 car Christ est ma vie, et la mort m'est un gain. Ce verset nous montre la pensée de St Paul, Alors qu'il voit sa vie cachée en Christ ; ce qui signifie que Christ pour lui, et pour Mgr Athanasios, est le centre et le sensée la vie, le centre de la pensée. Christ est tout. Et pour l'apôtre, la mort est un gain ; Il considère la mort comme un moyen de quitter le monde vers une éternité heureuse, un moyen de sortir de la prison de la chair vers la liberté de gloire des enfants de Dieu.
- Dans ces moments de douleur, trouvons du réconfort dans la promesse de la vie éternelle : + 2Co 5:1 Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l'ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n'a pas été faite de main d'homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste, Nous sommes dans la certitude que l'âme de Mgr Athanasios repose en paix dans son domicile céleste.
- J'imagine que Mgr Athanasios, comme homme de foi Inébranlable, priait avec St Paul en disant : + Ph 1:23 ... j'ai le désir de m'en aller et d'être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur; Dans ces moments de douleur, trouvons du réconfort, aussi dans les paroles de St Jean au livre de l'Apocalypse: + Ap 14:13 Et j'entendis du ciel une voix qui disait: Écris: Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur! Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent. Ce verset exprime une promesse de réconfort pour les croyants qui décèdent dans la foi en J.C. C'est le cas de Mgr Athanasios !! Ce verset indique que ceux qui meurent en étant fidèles au Seigneur, trouvent le repos éternel et sont considérés comme "heureux". C'est le cas de Mgr Athanasios !! Et leurs bonnes œuvres les accompagnent, ce qui suggère que leur héritage spirituel perdure. C'est le cas de Mgr Athanasios !! Ce verset rappelle aux croyants que la vie éternelle est une grâce et une bénédiction pour ceux qui ont marché dans la foi, et que leur travail et leur effort dans le Seigneur n'est pas vain, car il est récompensé par la paix éternelle en présence du Seigneur. C'est le cas de Mgr Athanasios !! [leurs oeuvres les suivent] ; ce verset indiqué que la Justesse de Dieu exige qu'une personne soit récompensée pour tous les bons actes qu'elle a accomplis dans sa vie. C'est le cas de Mgr Athanasios! Ce verset est un message de consolation et d'espérance pour les enfants de Dieu et pour tous ceux qui labourent dans la vigne du Seigneur.
- La mémoire de Mgr Athanasios continuera à vivre dans nos cœurs, et nous nous souviendrons de lui comme un homme de foi, d'amour et de dévouement.
- Que le Seigneur lui donne le repos, et nous conforte le cœur, par les prières de sa sainteté notre pape Amba Tawadros 2.
- Gloire à Dieu éternellement . Amen.
Puis Stanislas, un des sous-diacres de la paroisse, à prononcé l'Hommage à monseigneur Athanasios ,
Pendant ces nombreux moments d'intimité où vous vous êtes confié à moi, il vous arrivait très rarement, sans doute pour ne pas me chagriner, d'évoquer vos dernières volontés, parmi lesquelles figurait celle que je fasse votre éloge funèbre... Mais qui suis-je, moi si petit si insignifiant, pour faire votre éloge à vous si grand, si important ? Choisir ce qui est petit, discret et faible plutôt que ce qui est grand et fort, c’est finalement l’histoire de votre vie… Car votre vie tout entière a été une leçon pour nous tous, aussi c’est en témoin privilégié vous ayant accompagné depuis ma naissance, que je vais aujourd’hui tenter d’en révéler les trois vertus principales.
- L’humilité : Qu’est-ce que l’humilité ? Est-ce cette fausse modestie qui consiste à refuser un honneur qui nous revient de droit pour ensuite nous en faire prier ? Non la modestie, celle que vous nous avez enseigné, c’est de ne jamais se sentir supérieur humainement aux autres. En effet vous aimiez reprendre à votre compte les paroles de saint Augustin “Pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien”
Vous avez toute votre vie et jusqu’au derniers instants de celle-ci, eu le souci de ne jamais déranger personnes. Tout Métropolite que vous étiez, vous n’aviez pas de chauffeur particulier, et lorsque l’on se proposait de vous aider, de vous accompagner par exemple, vous en étiez sincèrement reconnaissant, ne considérant pas cela comme un dû. Mais à chaque fois vous nous laissiez penser que nous avions fait quelque chose de grand, en nous étant sincèrement reconnaissant…
L’humilité c’est toujours se voir comme le moins important, c’est prendre le bus pour rentrer chez vous, alors qu’en un appel vous auriez pu avoir une armée de voiture prête à venir vous chercher. C’est voyager dans des trains de nuit, alors que d'autres à votre place et avec votre statut n'auraient pas hésiter à prendre la première classe d’un avion. L’humilité c’est d’aller vous même faire vos courses, quand d’autres seraient tentés d’attendre qu’on les servent.
L’humilité c’est de prendre sur soi sans se plaindre, l’humilité c’est de se faire serviteur pour les autres. Je n’oublierai jamais ces quelques jours passés à vos côtés avec mon épouse, dans votre évêché au Revest-Les-Eaux. C’est vous qui nous faisiez la cuisine, c’est vous évêque qui nous pressait les oranges le matin, c’est vous haut dignitaire de l’église qui nous donniez votre chambre pour dormir, tandis que vous, vous alliez dormir à même le sol dans une pièce mal isolée sans que nous le sachions…
Mais l’humilité c’est de faire tout cela en étant convaincu que c’est tout à fait normal, c’est de faire tout cela avec joie, avec amour, avec bonté. Car si nous étions très heureux ces quelques jours passés auprès de vous, je crois que vous l’étiez tout autant que nous, sinon plus.
L’humilité c’est de ne pas se fâcher quand les gens vous manquent de respect quelque soit votre statut, quelque soit votre fonction.. Combien de fois vous a-t-on manqué de respect sans que cela ne vous touche ? Vous auriez pu vous indigner, vous révolter et du haut de votre rang de métropolite, sanctionner, punir, vous ne l’avez jamais fait…
En réalité et durant tout votre épiscopat, vous avez continuez la vie que vous étiez venu chercher en Egypte il y a plus de 50 ans au monastère abba Bichoï, la vie de moine. Le verset du Christ : “je suis doux et humble de coeur” (Matthieu 11:29), vous va si bien…
- (Le courage :) Mais votre humilité ne vous a pas empêché d’être courageux et de faire preuve d’une résilience exceptionnelle dans votre service. Car oui, il vous en a fallu du courage pour s’aventurer comme vous l’avez fait.
En voilà une drôle de personnalité, une personne qui ne parle pas un mot arabe et qui finit métropolite de l’église copte orthodoxe. Ça en dit long sur votre courage. Car nous le savons il est difficile dans le monde copte de se faire accepter quand on n’est pas égyptien, quand on ne parle pas l’arabe. Oui mais voilà, le pape Chenouda III avait vu en vous un modèle, un athlète du Christ qu’il ne fallait surtout pas laisser filer ! Et presque 50 ans après, nous ne pouvons que lui donner raison ! Il suffit de lever les yeux et de voir le nombre de personnes venu vous rendre hommage, pour comprendre l’impact que vous avez eu sur trois générations.
Dans votre jeunesse vous êtes tombé amoureux de la spiritualité copte orthodoxe, vous avez été convaincu par la pureté et la foi de notre église, vous avez été ému par la beauté de nos rites et de nos dogmes. Et votre combat durant 50 ans, fut de rendre accessible ce trésor que vous aviez trouver à tout le monde, sans faire aucune distinction de couleur, de langue, d’origine, de niveau social.
Car vous n’avez jamais oublier que même si le mot copte est un dérivé du mot Egypte, ni saint Marc, ni Saint Athanase, ne parlait un seul mot d’arabe. Alors si certains parmi nous ont encore l’espoir qu’il est possible d’être chrétien, copte orthodoxe sans pour autant parler l’arabe, c’est grâce à vous, à votre combat, à votre sacrifice à votre modèle ! Si je crois que mes filles, sans parler ni comprendre l’arabe, auront le droit elles aussi, durant toute leur vie, d’être des vraies filles de l’église copte orthodoxe, c’est aussi grâce à vous !
Le courage vous l’avez aussi eu quand il fallait se battre pour sauver une âme, pour sauver un couple, pour gagner une famille. Vous me le disiez souvent, votre mission consiste à gagner les âmes, une à une. C’est un travail difficile, qui ne se voit pas forcément, mais avec courage et endurance, vous l’avez accomplie de la plus belle des manières.
Le courage vous l’avez mis en œuvre dans l’oecuménisme aussi, conscient que la volonté de Dieu c’est l’unité, Jésus n’a en effet pas voulu que sa tunique ne soit pas déchirée. Et vous avez œuvré à travers des pèlerinages, des réunions, des rencontres, des échanges épistolaires, pour le rapprochement des églises. Encore un travail discret mais ô combien important.
Ce courage ne vous a jamais quitté, jusqu’au dernières heures de votre existence terrestre. Quelle force, quel courage, alors que la douleur était palpable pour tous ceux qui venaient vous visiter, jamais je ne vous ai entendu vous plaindre ! Et à cette question peut être un peu stupide que l’on a tendance à posé quand on ne sait pas trop quoi dire : “Ca va Monseigneur ?” même sur votre lit d'hôpital, même les derniers jours, même les dernières heures, vous me disiez toujours “ca va” avec ce sourire qui vous caractérise tant, comme pour me rassurer, comme si le malade finalement c’était moi et que c’était vous qui veniez à mon chevet.
“Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde.” (Jean 16:33) Je suis un témoins privilégié de votre combat, des injustices auxquelles vous avez dû faire face, car oui systématiquement et uniquement sur la base de vos origines vous avez été marginalisé, parfois moqué, souvent méprisé ! Mais votre seule réponse a été l’amour. A combien de sourire moqueur vous avez rendu un sourire sincère ? A combien de coups vous avez rendu une caresse ? A combien d'insultes vous avez rendu une bénédiction ? Les épreuves nous construisent et nous révèlent, et en réalité vous n’avez été durant tout votre service qu’Amour.
- L’amour : Voilà la dernière vertu que je vais évoquer, car nous le savons toutes les autres vertus seraient complètement inutiles s' il n’y avait pas l’amour… Mais l’amour ce n’est pas des mots, ce n’est même pas des gestes, l’amour c’est un sentiment. Et comment l’exprimiez vous cet amour ? Par votre attitude.
Tous ceux qui vous ont connu, tous ceux même qui vous ont côtoyé ne serait-ce qu’un petit moment, ont compris une chose c’est qu'à vos yeux, ils étaient importants. Car oui vous avez été capable de donner une réelle importance à toutes ces personnes en même temps. Et peu importe qui elles étaient et d'où elles venaient : jeunes ou âgées, riches ou pauvres, haut dignitaires religieux ou catéchumènes, français, egyptien ou de n’importe quel horizon, de n’importe quelle couleur ! Vous les avez tous sincèrement aimés !
Vous avez donné tellement, tellement d’amour autours de vous et aujourd’hui cet amour à germer et à donné de si nombreux fruits ! C’est simple quand j'étais à l'hôpital à vos côtés, le téléphone n'arrêtait pas de sonner, mais ce n’est pas cela le plus surprenant, ce qui m’a le plus surpris, c’est que même quand vous étiez très faible ou très fatigué, à chaque fois que vous le pouviez, vous preniez le temps de répondre, de donner quelques bons mots, de rassurer…
Même au bout de vos forces, vous donniez à chacun l’amour que vous aviez, sans jamais vous épuisé de cela.
L’amour c’est cela, c’est de donner pour de vrai son cœur aux gens qui sont autour de nous. Vous êtes ce cœur tendre, qui aime gratuitement, qui aime d’une façon totalement désintéressé, qui aime sans compter.
Votre amour a touché le cœur d'innombrable personnes, à travers votre douceur, votre sourire et votre gentillesse, vous nous avez donné la chance d’apercevoir la figure du Christ, qui comme vous a aimé jusqu’à en donner sa vie. Finalement vous avez au mieux répondu à l’appel divin qui nous a été à tous adressés : “Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour.” (1 Jean 4:8)
Vous nous avez appris que l’amour de Dieu ne peut se comprendre, ne peut trouver son expression qu’à travers l’amour de l’autre. Comme l’a si bien dit Saint Augustin : “L’amour de Dieu est premier dans l’ordre des préceptes; l’amour du prochain est premier dans l’ordre de la pratique.”
Mais pendant que nous sommes dans l’affliction, dans les larmes et dans la peine ici-bas, si nous nous concentrons, si nous tendons l’oreille, alors nous pourrons entendre, la haut, le chants des anges, nous pourrons entendre la joie de vos retrouvailles avec Abba Marcos, avec Sa Sainteté le Pape Chenouda III. Que ces retrouvailles doivent être joyeuses !
Nul doute que de la haut, vous allez veiller sur nous, vous allez nous regarder avec ce regard plein de douceur, de tendresse et de bienveillance, mais aussi comme vous l’avez toujours fait, ce regard plein d’exigence. Car aujourd’hui nous sommes vos héritiers, et c’est à nous que revient le devoir de faire vivre votre mémoire, mais aussi votre combat, votre service.
A nous de perpétuer votre conviction selon laquelle l'Église copte orthodoxe, doit être une Eglise ouverte, attentive au besoin de son peuple, une Église où tradition et modernité donnent naissance à de nombreux enfants dans la foi. Une église qui n’exclut personne quelque soit son origine, sa langue, sa position sociale. Cette Église doit être capable de comprendre son temps, sa génération et être en mesure de répondre à toutes ses questions et toutes ses attentes.
Alors nous nous engageons ici, devant vous, à chaque jour, vous rendre fier, à chaque jour, faire en sorte que votre travail de 50 ans n’ai pas été vain, que cette église copte orthodoxe de France, ouverte, accueillante, aimante, soit chaque jour plus forte, plus belle et plus resplendissante.
Votre sourire restera gravé à jamais dans nos cœurs. Et puisque vous ne cherchiez sur terre ni gloire, ni honneurs, nul doute que tout cela vous fut rendu dans ciel.
Que Dieu nous console de votre départ au ciel, qu’Il nous donne la paix, la force de surmonter votre absence et surtout qu’Il nous permette de vous rendre fier en étant les dignes héritiers de votre message.
Je finirais avec cette citation de saint Paul qui vous correspond parfaitement à cet instant : “J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m'est réservée» (2 Timothée 4;7-8)
Monseigneur Athanasios, Métropolite de Marseille, Toulon et toute la France, que votre mémoire soit éternelle !