L’Eglise arménienne catholique est une branche qui s’est séparée de l’Eglise Arménienne Apostolique. Une grande partie de son histoire commune avec son Eglise sœur. Elle partage la même histoire spirituelle, religieuse et humaine jusqu’au XVIIIe siècle.
Si les historiens s'entendent pour voir en l'archevêque d'Alep, Mgr Abraham Ardzivian le premier patriarche de l'Église Arménienne Catholique en 1740 (reconnu par le pape Benoît XIV en 1742), il existait des Arméniens Catholiques bien avant cette date.
Une fraction de l’Eglise Arménienne, dès le début, manifesta son attachement au Concile de Chalcédoine, restant ainsi unie à l’Eglise de Constantinople qui était en communion avec Rome jusqu’au schisme de 1054. Après pendant la période des croisades, des contacts ont été repris avec Rome. D’ailleurs les Catholicos Apostoliques de Cilicie furent en communion avec Rome entre le XIIe et le XVe siècle.
Ces fidèles étaient entre une Eglise Arménienne Apostolique qui ne voulait pas d’une reconnaissance du concile de Chalcédoine (et donc qui leur interdisait de prier dans ses églises), et une Eglise Catholique Latine qui voulait les latiniser (notamment par des missionnaires qui ne comprenaient pas leur particularité orientale). De plus, pour ceux qui habitaient dans l’empire Ottoman, ils subissaient aussi une persécution par le pouvoir civil (d’où l’expulsion de l’abbé Mekhitar vers Moré puis Venise - voir plus loin).
En 1740, Les Arméniens Catholiques sont présents, dans les territoires de l'Empire ottoman ( Constantinople, Alep, Mardin...), et en dehors de L'Empire Ottoman : Ispahan (Perse/Iran), Nakhitchévan, en Crimée, en Pologne, en Transylvanie (Roumanie aujourd’hui) et Galicie (ouest de l'Ukraine aujourd'hui), en Italie... Ces Arméniens Catholiques étaient sous l'autorité de hiérarques et de missionnaires aux rites et de nationalités hétéroclites.
Quelques dates :
1439 : Concile de Florence : Les émissaires du Grégoire IX Mousabegian, Catholicos de l'Église Apostolique Arménienne qui siège à Sis en Cilicie, acceptent l'Union avec l'Église romaine par le décret « Exsultate Deo » du 22 novembre 1439. Cette union ne dura qu’un temps bref.
1635 : passage de l'archidiocèse arménien de Lviv (alors dans la République des Deux Nations, aujourd'hui en Ukraine) dans la juridiction de Rome.
Fin du XVIIe siècle : passage des Arméniens de Transylvanie (alors sous domination des Habsbourg, aujourd'hui en Roumanie) dans la juridiction de Rome.
1700 : fondation de la congrégation des pères Mékhitaristes par l’abbé Mékhitar de Sébaste à Constantinople, puis transfert à Venise.
1740 : établissement du Patriarcat catholique arménien de Cilicie à l'initiative d'Apraham Ardzivian, par scission du Catholicossat arménien de Cilicie (et en 1830 : érection de l'archidiocèse Catholique Arménien de Constantinople).
Le Catholicisme Arménien existait avant la création d’une Eglise Arménienne Catholique constituée. L'initiative de Mgr Ardzivian consista à regrouper ces fidèles arméniens catholiques sous la houlette d'un seul pasteur.
Sa résidence patriarcale fut d'abord au Kreim, près de Harissa au Liban, puis à Bzommar (sur la montage au-dessus d’Harissa) où son successeur bâtit un couvent et installa la première communauté ecclésiastique patriarcale. Ce monastère fut par la suite un centre de rayonnement pour le Liban, la Cilicie, la Mésopotamie et l‘Egypte.
Une communauté qui rassemble environ 5% du total du peuple arménien
Les Arméniens catholiques ont des diocèses en Arménie, dans les pays du Moyen Orient, en Europe et sur le continent américain.
Les estimations les plus réalistes s'accordent autour de 400.000 fidèles répartis en Arménie et en diaspora, avec un fort ancrage proche-oriental (Syrie-Liban). Soit 5% de l’ensemble des arméniens à travers le monde. En Arménie, les catholiques vivent principalement dans le Nord (à Gumri et des villages aux alentours). les guerres en Syrie et Irak et la dramitique situation du Liban ont fait que de nombreux fidèles ont émigrés vers l'Occicent.
Dans l'Église arménienne catholique, il y a deux congrégations masculines, l'Institut du clergé patriarcal de Bzommar (Liban) et les pères Mékhitaristes (Venise et Vienne), et une congrégation féminine : les Sœurs arméniennes de l'Immaculée Conception. Le clergé diocésain est célibataire ou marié.
Mkhitar de Sébaste (1676-1749), un jeune prêtre arménien converti au catholicisme milite activement en faveur d’un renouveau culturel arménien. A cause des persécutions, il se réfugie en Occident, fonde une congrégation, installe ses disciples, les Mkhitaristes, dans l’île de San Lazzaro, à Venise. Avec son imprimerie, cet ordre reste, jusqu’à aujourd’hui, l’un des foyers les plus brillants de la langue, de la littérature et des études arméniennes. Ce rôle culturel des Arméniens catholiques explique en partie les bonnes relations entre catholiques et chrétiens apostoliques arméniens.
Aujourd'hui :
L’Eglise Arménienne catholique qui compte environ fidèles 400 000 dans le monde.
En 1960, grâce aux efforts du cardinal Aghajanian (1895-1971) et l'autorisation du pape Jean XXIII, l'Église arménienne catholique s'est constituée en France en exarchat apostolique. L'évêque Garabed Amadouni en a été le premier chef spirituel jusqu'en 1970. De 1970 à 1976, le père Nighayos Kéhiayan a assumé cette charge, puis en 1977, c'est Mgr Grégoire Ghabroyan (né à Alep en 1934) qui a été appelé du Liban. C'est sous sa juridiction que fut créée le 30 juin 1986 l'éparchie Sainte-Croix de Paris des Arméniens catholiques, directement rattachée au Vatican et dont les locaux se situent dans le Ve arrondissement de Paris. Le 2 Février 2013, et sur proposition des Evêques de l'Eglise Arménienne Catholique, Benoit XVI a nommé Monseigneur Hovhannès Teyrouziann Evêque de l'Eparchie de Sainte-Croix de Paris, en remplacement de Monseigneur Grégoire Ghabroyan, démissionnaire. Il a pris possession de sa charge d’évêque durant la Divine Liturgie qu’il a célébrée en rite arménien le dimanche 7 Avril 2013, en la Cathédrale arménienne catholique Sainte-Croix-de-Paris. sous la coprésidence de son Eminence le Cardinal Leonardo Sandri, Préfet de la Congrégation pour les Eglises Orientales et de son Eminence le Cardinal André Vingt-Trois, Archevêque de Paris et Président de la Conférence des évêques de France. Monseigneur Elie Yéghiayan (originaire d'Alep) lui succède après avoir été nommé le 23 juin 2018 et installé comme évêque titulaire le 10 novembre 2018.
La communauté rasseble environ 30.000 fidèles, avec des paroisses à Paris (cathédrale Ste-Croix), Arnouville (95), Lyon (69), Marseille (13), Saint-Chamond (42) et Valence (26). Sans oublier l'ancien couvent des Pères mekhitaristes de Sèvres, devenu le collège Samuel-Moorat.
Chaque 24 Avril, une messe de requiem est célébrée par les Arméniens catholiques à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Divine Liturgie Catholique, mais aussi prière œcuménique qui rassemble autour de la mémoire des martyrs du Génocide de 1915, les arméniens des trois Eglises : Catholique, Apostolique et Evangélique.