Interview de Sa sainteté Ignace Ephrem II Karim, patriarche de l’Eglise Syriaque-Orthodoxe (émission le 05.12.2021)
Bonjour Sainteté, merci de nous accorder cet entretien à la fin de votre tour des communautés Syriaques orthodoxes en France. Je crois que vous avez fait plus de 3000 km pendant cette semaine. Quel est votre sentiment à la fin de ce voyage ?
Bonjour, je suis très heureux d’être... Je vais passer à l’anglais, je suis désolé. J’aurais voulu dire quelques mots mais… Je suis en effet très heureux d’avoir pu faire ce voyage. Cela m’a mené dans plusieurs paroisses de notre Eglise. J’ai eu une impression mitigée: j’étais heureux de voir que les gens sont bien installés. Il s’agit des mêmes personnes que celles que j’ai visitées en 2014, quand elles ont dû fuir à Mossoul puis de leur refuge dans la plaine de Ninive. Je leur ai rendu visite deux fois au cours de cet été atroce. J’ai pu voir leur souffrance aux toutes premières loges. Je les ai vu dans ces dortoirs, sur le trottoir. Au mois d’août, il faisait très chaud à Erbil. Ils étaient sous des tentes dans les rues, ils s’étaient réfugiés dans les églises bondées.
C’était très émouvant pour moi Aujourd’hui, de les retrouver. ils sont très détendus. Ils sont heureux, ils ont l’air très heureux.
Qu’est-ce qui vous a marqué pendant vos rencontres avec les fidèles?
J’ai remarqué qu’au moins certains d’entre eux étaient un peu déçus. Ils espéraient arriver dans un pays chrétien. Bien sûr, la France est un pays qui s’est construit sur des principes chrétiens et l’histoire de la France et son soutien au christianisme est assez riche. Malheureusement, comme nous le savons, le sécularisme est partout. Pas seulement en France, mais aussi en Europe et dans tout le monde occidental. Donc, dans un sens, ils étaient un peu déçus. Mais je leur ai dit dans plusieurs paroisses : « je crois Dieu voulait que vous soyez là pour vous permettre de réveiller, certaines personnes, et leur rappeler leur héritage et leur passé chrétiens. Et votre présence est peut-être une raison de réaffirmer certains éléments ou aspects de la chrétienté dans ce pays. »