Prédication de Mgr Gemayel à Issy les Moulineaux (27.01.2018)

Homélie prononcée au cours de la Messe de consécration de l'église Saint Sauveur d'Issy-les-Moulineaux (extraits) - Evangile de Saint Matthieu (16, 13-20)

 1 - Est-il vraiment nécessaire de se demander qui est Jésus ? Voici deux mille ans que l’Église proclame le nom de son fondateur. Voici deux mille ans que les théologiens essaient de cerner sa personnalité et son œuvre. Mais, à quoi bon s’attarder sur cette interrogation ? C’est parce que cette question est essentielle, c’est Jésus lui-même qui la pose à son entourage ; et depuis lors, depuis près de deux mille ans, les chrétiens n’ont jamais cessé de se la poser et de la poser aux hommes.

Oui qui est Jésus pour vous ? Qui est Jésus pour nous ? La réponse a été donnée par l’apôtre Pierre lorsqu'il s’écria : “Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant”. Si Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, ce ne peut être que dans la continuité de toutes les révélations qui ont eu lieu auparavant. Et en confessant sa foi de la sorte, l’Église de la nouvelle Alliance se situe dans la suite de ce que confessaient déjà les croyants de l’ancienne Alliance.

Chers Frères et Sœurs

2 - En ce jour béni et glorieux, et au nom de tout mon Presbyterium, et au nom de toute l'Expansion Maronite en France et en Europe, j'exprime toute ma joie de vous retrouver à cette cérémonie de re-consécration de l'Eglise Saint-Sauveur. Cette église, qui fut bénite une première fois, le Vendredi 19 novembre 1863 par l'archevêque de Paris à l'époque, Mgr Georges DARBOY (1813-1871), a cessé d'être au service cultuel depuis treize bonnes années, un jeudi 27 janvier 2005.

3 - Essayons d'imaginer le nombre de célébrations qu’elle a connues, depuis sa 1ère bénédiction : les milliers de fidèles chrétiens qui y sont venus prier, confiant au Saint-Sauveur et à la Vierge Marie, espoirs, souffrances et actions de grâces. Sans oublier les prêtres et les diacres, ainsi que tout le clergé qui y ont reçu les ordinations et célébré autour de l’autel leur première messe.

Elle fut un édifice religieux, un signe de transcendance dans la société. Pour les uns, elle était un témoin du passé, pour d’autres un lieu de prière, de recueillement, et de célébration. Un monument digne d’être considéré pour ce qu’il est.

Là voici remise, aujourd'hui même, au service des fidèles maronites des communes d'Issy-les-Moulineaux, de Vanves, de Montrouge, de Malakoff, de Chatillon, de Bagneux, de Clamart, et du XV° arrondissement de Paris.

4 - Comme toute église paroissiale, cette église du Saint Sauveur sera votre repère de référence et de prière ; elle sera un symbole fort de votre identité et de votre histoire collective locale. De toute façon, elle ressuscitera tout l'héritage précieux qu'ont vécu les fidèles Isséens ; et dorénavant elle contribuera à la sauvegarde non seulement de votre identité comme maronites, en tant qu'orientaux chrétiens catholiques syriaques d'Antioche, mais aussi, je n’en doute pas, elle préservera l'identité de ceux et celles qui partagent la même foi, ou qui cherchent à rencontrer le Seigneur. La restauration d'un édifice cultuel de ce calibre constitue toujours une espérance et une richesse transmise aux générations futures. Je souhaite que son rayonnement cultuel et patrimonial illumine le quotidien des nombreux fidèles, touristes ou pèlerins, qui ne manqueront pas de venir l’admirer et y prier.

Chers paroissiens et paroissiennes,

5 - Vous êtes les pierres vivantes de cette Eglise. Dans cette cérémonie de re-consécration, vous allez revivre votre dimension baptismale, chrismale, et eucharistique. Votre évêque, entouré des prêtres vient d'ouvrir, solennellement, les portes de cette Eglise. Il vous a aspergé avec de l'eau bénite, ainsi que les murs intérieurs, les quatre piliers sur lesquels tient l'église, et il bénira tout à l'heure l’autel : C’est comme votre baptême, symbole de partage, de fraternité, et un lieu de vie.

Et puis avec l’huile du Saint-Chrême, on fait une onction sur toute la table d’autel, sur les croix qui y sont présentes, rappelant les 5 plaies du Christ, puis sur les croix de consécration de l’église. C’est comme votre confirmation.

On fait alors flamber de l’encens sur l’autel, en signe de la prière qui devra continuer à monter vers Dieu dans cette église, la remplissant de la bonne odeur du Christ (2 Co, 2, 14-16) ; car en tant qu'assemblée sainte vous êtes le Temple vivant de Dieu dont l’église bâtiment est le signe.

Trois nappes seront alors mises sur l’autel ; on allumera des cierges, symboles du Christ, Lumière du monde (Jn 8, 12 ; 9, 5). Nous célébrons alors l’Eucharistie, le sacrifice de toute l’Eglise, qui est finalement le rite essentiel de la dédicace. C’est tout le Corps de l’Eglise qui est initié à la vie du Père, par le Sacrement du Fils. Et puis, après la communion, en tant que Votre évêque j'inaugurerai solennellement la réserve eucharistique dans le tabernacle : le Christ demeurera désormais parmi les siens.

Que Notre Seigneur Jésus-Christ vous bénisse et vous comble de sa sérénité et de sa paix, Père, Fils et Saint Esprit.

Mgr Maroun-Nasser Gemayel

Evêque des Maronites de France